“Menaces, jeux de pouvoir et liaisons dangereuses”, lit-on ce jeudi 10 décembre en manchette de Visão, qui publie une enquête de 12 pages sur Chega, le parti populiste de droite qui s’impose dans le paysage politique portugais. Le portrait de son leader, André Ventura, est reproduit en une de l’hebdomadaire sur fond rouge.
Une couleur à propos, puisque Visão raconte de l’intérieur “l’atmosphère de guérilla et les factions” de ce mouvement politique, ses soutiens à l’étranger – Marine Le Pen en France, Matteo Salvini en Italie – ou encore ses liaisons dangereuses – “des groupes nationalistes et fascistes aux catholiques conservateurs”.
Irruption sur la scène politique
Fondé en avril 2019 par Ventura, jeune (37 ans) transfuge du Parti social-démocrate (PSD), principale force d’opposition au Portugal, Chega porte aujourd’hui la voix de la droite radicale populiste. Son score de 1,29 % aux élections législatives d’octobre 2019 – qui a permis à son leader d’entrer au Parlement – a amorcé son ascension dans un pays où l’on disait, jusqu’alors, l’extrême droite aphone.
Désormais, les derniers sondages prêtent à Ventura, très tôt parti dans la bataille de la présidentielle –, un score d’un peu plus de 10 %, au coude à coude avec la dissidente socialiste Ana Gomes, mais loin derrière le populaire Marcelo Rebelo de Sousa (63 % d’intentions de vote), l’actuel président.
Le récent accord passé avec le PSD lors des régionales aux Açores pour arracher la gouvernance au PS (qui y détenait la majorité absolue depuis vingt ans) laisse entrevoir de nouvelles alliances pour les prochaines élections, notamment les municipales d’octobre.
Un mouvement en proie à des luttes internes
En attendant, Visão raconte en 25 000 signes les coulisses du parti Chega “comme on ne l’a jamais vu”. Et témoigne en son sein, derrière la figure d’André Ventura, d’une “guerre civile” menée par les différents courants qu’il fédère en capitalisant sur leur colère et leur ressentiment :
La dernière chose qu’un pyromane politique veut voir, c’est sa propre maison en feu. Il y a un peu plus d’un an, André Ventura a mis le feu au Parlement, aux débats, aux informations, aux réseaux sociaux, aux rues et aux cafés. Mais alors qu’il s’amusait à incendier le pays et à grimper dans les sondages, il en a oublié que son parti brûlait de l’intérieur.”
