
Le fossile d’une mouche, datée de 47 millions d’années et comportant du pollen de plusieurs plantes dans son estomac, nous donne des indices sur la végétation et l’environnement qui régnaient à l’époque en Allemagne.
Lorsque Fridgeir Grímsson est tombé sur une nouvelle espèce de mouche fossilisée dans les sédiments de Messel, une carrière désaffectée de schiste bitumineux classée au patrimoine mondial de l’Unesco en raison de sa richesse en fossiles, ce n’est pas l’insecte en lui-même qui a retenu son attention, mais le contenu de son estomac. Ce dernier était en effet rempli de pollen, procurant un aperçu inédit sur les habitudes de butinage des insectes et la flore occupant la région il y a 47 millions d’années.
Dans une étude publiée dans la revue Current Biology, Fridgeir Grímsson et ses collègues de l’université de Vienne et du Kansas ont trouvé dans la mouche le pollen d’au moins quatre familles de plantes primitives, dont la carmentine (Decodon verticillatus), une plante des marais appartenant aux Lythracées et mesurant 0,5 à 2 m de haut, ou le Parthenocissus, une plante grimpante aussi appelée vigne vierge.
La mouche, premier pollinisateur de la Planète au temps de l’Éocène
Après les abeilles, les mouches sont aujourd’hui le 2e insecte le plus important pour la pollinisation. Mais, à l’époque, elles étaient sans doute le premier contributeur de dissémination du pollen, jugent les chercheurs. Bien qu’elles transportent moins de pollen que les abeilles, les mouches sont plus nombreuses et s’adaptent mieux aux différentes conditions climatiques. De plus, on sait que certaines espèces de mouches migrent sur de longues distances, ce qui contribue à la diversité de la flore. « La diversité du pollen que nous avons découverte dans l’estomac de la mouche suggère que ces dernières se nourrissaient et transportaient déjà du pollen il y a 47 millions d’années. Elle ont donc certainement joué un rôle essentiel dans la dispersion du pollen de plusieurs taxons végétaux », estime Fridgeir Grimsson.
Une forêt parsemée de lacs et de marécages
Grâce à cette découverte, les chercheurs ont pu reconstituer l’environnement dans lequel évoluait la mouche à l’époque. Bien que la région de Messel ait été dominée jadis par un dense couvert forestier de type subtropical, les carmantines, qui poussent dans des zones humides et les parties peu profondes des lacs, indiquent qu’il existait aussi des clairières avec des zones marécageuses. Une supposition confirmée par la présence dans l’estomac de la mouche de pollen de vigne vierge, de Sapotacées et d’Oleacées qui poussent plutôt en lisière de forêt et le long des lacs.
Les premiers insectes sont apparus sur Terre il y a environ 400 millions d’années au Dévonien. Ils ont certainement joué un rôle important dans le développement des plantes à fleurs (angiospermes), apparues au Jurassique ancien il y a 174 millions d’années. Ces dernières représentent aujourd’hui 90 % des espèces végétales sur Terre.
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