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Au fil des années, cette interrogation lancinante m’a hanté : pourquoi l’Afrique ne se développe-t-elle pas ? Pourquoi ce continent béni des dieux, avec ses terres fertiles, ses ressources minières, ses forêts verdoyantes et son soleil généreux, reste-t-il englué dans le marasme du sous-développement ? Cette question existentielle m’a poussé à étudier, à chercher, à comprendre. Et après des années de réflexion et d’analyse, j’aimerais partager avec vous le fruit de mes recherches.

Un héritage colonial lourd à porter

Pour comprendre les racines du sous-développement africain, il faut remonter à l’ère coloniale. Pendant des siècles, les puissances européennes se sont partagées le gâteau africain, pillant ses richesses, exploitant ses peuples et semant les germes de la division. Les frontières actuelles des pays africains, loin d’être naturelles, ont été tracées au cordeau par les colons, sans égard pour les réalités ethniques et culturelles locales.

Cette balkanisation artificielle de l’Afrique a engendré des tensions et des conflits qui perdurent jusqu’à aujourd’hui. Les rivalités entre ethnies, attisées par la politique coloniale de la division, ont sapé les fondements de l’unité nationale dans de nombreux pays. Les guerres civiles, les coups d’État et les régimes autoritaires qui en ont résulté ont étouffé le développement dans l’œuf.

Par ailleurs, le système colonial avait pour seul but d’exploiter les ressources naturelles de l’Afrique au profit des métropoles. Aucune véritable industrie locale n’a été développée, les Africains étant relégués au rang de main-d’œuvre peu qualifiée et bon marché. À l’indépendance, la plupart des pays africains se sont retrouvés avec des économies mono-exportatrices, dépendantes des cours mondiaux des matières premières et donc vulnérables aux chocs extérieurs.

La malédiction des ressources naturelles

Paradoxalement, c’est peut-être la richesse même de l’Afrique en ressources naturelles qui a freiné son développement. Le phénomène bien connu de la « malédiction des ressources naturelles » a sévi sur le continent avec une intensité particulière.

Dans de nombreux pays, l’exploitation des mines, des gisements pétroliers ou gaziers a engendré des régimes kleptocrates et corrompus. Les dirigeants au pouvoir, avides de s’accaparer les revenus issus de l’extraction des ressources, se sont accroché au pouvoir par tous les moyens, étouffant toute velléité démocratique. Les populations, elles, n’ont vu que des miettes des richesses de leur sous-sol.

Pire encore, la convoitise suscitée par ces ressources a attisé les conflits armés, alimentant un cercle vicieux de violence et de chaos. Pensons au conflit sanglant qui a déchiré la République Démocratique du Congo, riche en minerais précieux mais pauvre comme Job, ou aux guerres civiles qui ont ravagé le Soudan et le Soudan du Sud à cause du pétrole.

Dans d’autres pays, l’exploitation effrénée des ressources naturelles a causé des dégâts environnementaux considérables, compromettant le développement durable. La déforestation massive, la pollution des eaux et de l’air, et l’épuisement des sols sont autant de problèmes engendrés par une exploitation minière ou pétrolière mal régulée.

La chape de plomb de la corruption

Comme un cancer rongeant le corps social, la corruption endémique constitue un autre frein majeur au développement de l’Afrique. Fortement ancrée dans les mentalités et les pratiques, elle gangrène tous les rouages de l’État et de l’économie.

Détournements de fonds publics, pots-de-vin, favoritisme, népotisme… la corruption prend mille visages en Afrique. Elle décourage les investissements étrangers, fausse la concurrence et détourne les maigres ressources publiques de leur destination première : l’éducation, la santé, les infrastructures.

Mais la corruption n’est pas qu’un fléau économique. C’est aussi un poison qui ronge le tissu social et institutionnel des pays africains. Comment avoir confiance dans un système où tout s’achète et se vend ? Comment respecter des lois édictées par des dirigeants véreux ? La corruption sape l’autorité de l’État et alimente un profond sentiment d’injustice au sein des populations.

Bien que de nombreux pays aient adopté des lois anti-corruption et mis en place des institutions de lutte contre ce fléau, la tâche reste immense. La corruption est si profondément enracinée qu’elle est devenue, pour beaucoup, un mode de vie, une norme sociale. La briser sera un combat de longue haleine, qui nécessitera non seulement des réformes institutionnelles, mais aussi un profond changement des mentalités.

Le poids du sous-développement humain

Au-delà des aspects économiques et politiques, le sous-développement africain revêt aussi une dimension humaine fondamentale. L’Afrique souffre d’un déficit criant en matière d’éducation, de santé et d’autres services sociaux de base.

Près de 60% des adultes africains sont analphabètes, et nombreux sont les enfants qui n’ont pas accès à l’éducation primaire, faute d’infrastructures scolaires suffisantes ou de moyens financiers de leurs parents. Ce manque d’éducation perpétue le cycle de la pauvreté et freine considérablement le développement humain et économique du continent.

La situation sanitaire n’est guère plus reluisante. Avec des systèmes de santé défaillants et sous-financés, de nombreuses maladies évitables ou curables continuent de sévir en Afrique, comme le paludisme, la tuberculose ou le VIH/SIDA. L’espérance de vie reste bien en deçà des normes mondiales, et la mortalité infantile et maternelle demeure parmi les plus élevées au monde.

Sans une population en bonne santé, éduquée et qualifiée, comment peut-on espérer un véritable décollage économique ? Le sous-développement humain constitue un frein majeur au progrès, créant un cercle vicieux dont il est difficile de s’extraire.

La fracture numérique et technologique

Dans le monde hyper-connecté d’aujourd’hui, l’Afrique accuse un retard considérable en matière de technologies de l’information et de la communication (TIC). Cette fracture numérique la prive d’un atout essentiel au développement économique et social.

Avec seulement 39% de sa population ayant accès à Internet en 2022, l’Afrique est le continent le moins connecté au monde. Dans de nombreuses régions rurales, l’accès à Internet reste un luxe inaccessible pour la majorité des habitants. Cette carence prive les Africains de nombreuses opportunités économiques, éducatives et sociales offertes par le numérique.

Au-delà de l’accès à Internet, c’est dans le domaine des technologies de pointe que le fossé se creuse davantage. L’Afrique ne représente qu’une infime part de l’investissement mondial en recherche et développement (R&D). Très peu d’entreprises technologiques de premier plan sont basées sur le continent, et le nombre de dépôts de brevets africains reste dérisoire.

Pour rattraper son retard, l’Afrique doit impérativement investir massivement dans les infrastructures numériques et la formation de ses ressources humaines dans les domaines scientifiques et technologiques. Sans cette révolution numérique, le continent risque de rester à la traîne dans l’économie du savoir du 21ème siècle.

Des institutions fragiles et une gouvernance défaillante

Enfin, l’une des causes profondes du sous-développement africain réside dans la fragilité de ses institutions étatiques et la défaillance de la gouvernance dans de nombreux pays. Hérités de l’ère coloniale ou issus de régimes autoritaires, les appareils d’État africains peinent à remplir leurs missions régaliennes de manière efficace et transparente.

Faiblesse de l’État de droit, instabilité politique chronique, conflits armés récurrents, ingérences étrangères… autant de facteurs qui minent la crédibilité et l’autorité des institutions étatiques en Afrique. Comment attirer les investissements et favoriser le développement économique dans un contexte d’insécurité juridique et politique permanente ?

La mauvaise gouvernance constitue un autre obstacle majeur. Népotisme, clientélisme, gaspillage des deniers publics, absence de contre-pouvoirs… de telles pratiques gangrènent l’action publique dans de nombreux pays africains, détournant les maigres ressources de l’État de leur vocation première : le développement du pays et l’amélioration des conditions de vie des populations.

Renforcer l’État de droit, assainir la gouvernance, lutter contre l’impunité… Tels sont les immenses défis qui attendent les dirigeants africains pour briser le cercle vicieux du sous-développement institutionnel.

Des pistes de solution pour un avenir meilleur

Face à ce sombre tableau, il serait tentant de sombrer dans le défaitisme et le fatalisme. Pourtant, malgré les nombreux obstacles, l’Afrique recèle un potentiel de développement immense, qu’il nous appartient de libérer. Voici quelques pistes de réflexion pour tracer la voie d’un avenir meilleur pour le continent :

Consolider la paix et la démocratie

La paix et la stabilité politique sont les prérequis indispensables à tout développement durable. Il est impératif de résoudre les conflits armés qui gangrènent certaines régions d’Afrique, et de promouvoir des processus de réconciliation nationale inclusifs.

Par ailleurs, la démocratie, l’État de droit et la bonne gouvernance doivent être renforcés sur l’ensemble du continent. Seules des institutions fortes, légitimes et responsables pourront mener à bien les réformes nécessaires au décollage économique de l’Afrique.

Investir massivement dans le capital humain

L’éducation, la santé, la formation professionnelle… Autant de domaines cruciaux dans lesquels des investissements massifs sont nécessaires pour briser le cycle du sous-développement humain en Afrique. Il faut former une nouvelle génération de jeunes Africains qualifiés, en bonne santé, et prêts à relever les défis du 21ème siècle.

Cet investissement dans le capital humain passera nécessairement par un renforcement des systèmes éducatifs et de santé publics, trop longtemps délaissés. Mais il faudra aussi favoriser l’émergence d’un secteur privé dynamique dans ces domaines, complémentaire de l’effort public.

Promouvoir une industrialisation verte et durable

Trop longtemps l’Afrique est restée cantonnée au rôle de simple pourvoyeur de matières premières pour le reste du monde. Il est temps de briser ce modèle économique hérité de la colonisation et d’impulser une véritable industrialisation du continent.

Mais cette industrialisation doit se faire dans le respect de l’environnement et des principes du développement durable. L’Afrique a l’opportunité de sauter directement dans l’ère des énergies renouvelables et des technologies vertes, sans passer par le stade polluant qu’ont connu les pays industrialisés.

Le défi sera de créer les conditions favorables à l’émergence d’un tissu industriel local compétitif, porté par un entrepreneuriat africain dynamique. Cela passera par des réformes structurelles (accès au crédit, amélioration du climat des affaires, développement des infrastructures, etc.) mais aussi par une intégration économique régionale accrue.

Lutter sans relâche contre la corruption

La lutte contre la corruption doit être une priorité absolue pour tous les pays africains. Sans cette croisade inlassable, aucun progrès durable ne sera possible. Il faut assainir la gouvernance publique et restaurer la confiance des populations et des investisseurs dans les institutions étatiques.

Cette lutte doit être globale et impliquer tous les acteurs de la société : pouvoirs publics, entreprises, société civile, médias, citoyens… Elle passera par le renforcement de l’État de droit, de l’indépendance de la justice et de la liberté de la presse. Mais elle nécessitera aussi, à terme, une profonde réforme des mentalités pour éradiquer ce fléau culturellement ancré.

Intégrer la révolution numérique

Dans l’ère du numérique et de l’économie de la connaissance, l’Afrique ne pourra réellement décoller qu’en comblant son retard technologique. Cela passe par un investissement massif dans les infrastructures de télécommunications modernes et l’accès généralisé à Internet sur l’ensemble du continent.

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hikaz.fr@live.fr

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