Bazoulé, est un village situé dans la commune de Tanghin-Dassouri dans la province du kadiogo et à une vingtaine de kilomètre de la capitale Ouagadougou. La particularité de ce village est sa mare aux « crocodiles sacrés ».
Comment ces crocodiles sont arrivés dans cette mare ?
Plusieurs versions entourent ce mystère. Selon une légende, ces crocodiles du Nil se sont retrouvés dans cette mare suite à l’assèchement d’une rivière. Une autre version plus fantaisiste fait comprendre que ces reptiles seraient tombés du ciel pendant une pluie il y’a des lustres .
Mais qu’est ce qui rend ces crocodiles, sacrés ?
En effet, ces crocodiles sont nourris par les habitants, ce qui les rend dociles et lorsqu’ils meurent, de nombreux rites entourent leur inhumation. Il est par ailleurs interdit de les tuer et de les consommer. A l’approche de la saison pluvieuse, les sages viennent à la mare et font des sacrifices pour des doléances concernant surtout la santé, l’abondance de la pluie ainsi que de bonnes récoltes . Cette cérémonie d’hommage et doléances aux crocodiles est appeler le « Koom Lakre>> est célébrée chaque dernier dimanche du mois d’octobre.
Cette mare est devenue une attraction nationale voir même internationale et attire des milliers de touristes chaque année. La redevance payée par les touristes di-t-on contribue au développement local. Mais depuis plusieurs années, le site a perdu de sa superbe. En effet les maîtres des lieux sont menacés d’extinction tant leur habitat naturel c’est à dire la mare est menacée d’assèchement, voire même de disparition .
Comment en est-on arrivé là ?
Tout le monde se pointe rejette la faute.
Que devient l’argent collecté auprès des touristes sensé développer le village ?
Selon plusieurs sources locales que nous avons rencontrés le Mardi 13 avril 2021 sur place cela est en grande partie due aux marchands de sable qui attaquent le fond de la mare, les maraîchers qui exploitent l’eau de la mare pour le besoin de leur activité ainsi que les populations pour les constructions.
Toutes ces activités impactent négativement sur les crocodiles qui n’arrivent plus à se reproduire. Si rien n’est fait la mare risque de disparaitre et qu’adviendra t-il du village ?
Pour le Naaba Kibaa de Bazoulé, si rien n’est fait, il faudra envisager le pire. Selon lui, dans les années antérieures, il est arrivé que la mare sèche complètement mais la population s’est toujours mobilisée et les femmes allaient chercher de l’eau ailleurs qu’elles venaient verser sur les crocodiles. Actuellement, la reproduction se passe carrément hors de la mare due au manque d’eau. Avant d’ajouter qu’il était difficile de blâmer des individus pour cette situation, il note que les marchands de sable prospèrent actuellement dans la zone, mais on ne peut pas leur en vouloir car ils sont aussi à la recherche de leur pitance quotidienne. L’année passée, des travaux avaient été entamés juste avant le début de la saison des pluies et c’est dans ce trou creusé que vivent actuellement les reptiles, mais c’est insuffisant et c’est silence radio depuis la dernière visite des autorités il y a de cela quelques mois.
Depuis lors c’est l’attente pour qu’une solution adéquate et durable puisse être trouvée rapidement.
Quand à Kaboré Paul, cultivateur et guide sur le site depuis plus de 30 ans, pour lui, la mare à complètement séché et plus rien ne va. L’espace dans lequel vivent les reptiles actuellement a été aménagé l’année dernière et la terre recueillie dans cet espace a été utilisée pour construire la digue. Le nerf de la guerre sur le site est actuellement est le manque d’eau. La flaque d’eau restante n’arrive pas à supporter la population actuelle des crocodiles et de surcroît c’est dans cette même eau que les maraîchers puisent pour entretenir leur jardin et il est difficile de leur interdire cela car ils vivent de cette activité.
Un cri de cœur est lancé à l’ensemble des autorités compétentes afin qu’un gîte, pourquoi pas un barrage, soit aménagé au grand bonheur de ces crocodiles et de la population de Bazoulé qui reste impuissante face à ce chaos imminent.
Jean Noel Simpore/Afrikibaria.com